La Méditerranée menacée par la pollution

Alors que la démographie explose autour de cette mer fermée, les rejets humains et industriels s'accroissent.
Il y a de l'eau dans le gaz chez les poissons de Méditerranée…. "Les femelles ne peuvent plus se défiler en disant qu'elles ont la migraine; les mâles ne les croient plus", ironise un scientifique. "Quand nous avons lu nos relevés de taux de paracétamol, on s'est d'abord bien frotté les yeux, puis on a refait les mesures, raconte Louis Alexandre Romana, spécialiste d'environnement à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.
A certains endroits, on en a trouvé un demi-kilo par m³ d'eau…" Eaux usées remplies d'antibiotiques et d'oestrogènes, rejets industriels ou agricoles chargés de pesticides et de métaux lourds, urbanisation côtière débridée, navires qui déballastent à tout va, etc.; durant une semaine, à Toulon puis à Marseille, le forum BioMarine a mis en évidence les nombreuses pollutions dont souffre la Méditerranée.
Première grande menace décrite notamment par Denis Ody, directeur des programmes mers et océans au WWF France: l'augmentation impressionnante de l'activité humaine sur le littoral et le sous-équipement en stations d'épuration capables de traiter non seulement les rejets des populations sédentaires (environ 450millions d'habitants) mais aussi ceux des 350millions de touristes qui fréquentent la Méditerranée. L'exemple de la ville du Caire, mégapole de 17 millions d'habitants, est à cet égard symptomatique.
Autre menace: le trafic maritime et le comportement criminel de certains équipages, en dépit de sanctions de plus en plus lourdes. La Méditerranée qui ne représente que 1% de la surface des océans, voit passer 30% du trafic maritime mondial; avec des rejets en mer estimés à 600000 tonnes chaque année, soit l'équivalent de 30 catastrophes de type "Erika".
Par Philippe Gallini - LaProvence.com - le 25 octobre 2008
Les pollueurs frappés au portefeuille
Les pollueurs sont devenus les payeurs. En créant au tribunal de grande instance de Marseille, un pôle maritime compétent sur l'ensemble de la Méditerranée, la justice marseillaise s'est dotée, en 2003, d'un outil répressif adapté. Les navires surpris en flagrant délit de dégazage par les avions Polmar des Douanes ou de la Marine nationale sont déroutés, sur décision du procureur de la République de Marseille, vers un port français où ils sont immobilisés.
Une dizaine de déroutements ont eu lieu ces cinq dernières années dont quatre ont dû être encadrés par la Marine nationale afin d'éviter une fuite. La mesure d'immobilisation n'est levée, une fois l'enquête de la gendarmerie maritime bouclée, qu'après le versement d'un cautionnement habituellement fixé à 500000euros.
La même rigueur est de mise à l'audience du tribunal correctionnel. Quatorze condamnations ont été prononcées, de très fortes amendes pénales mises à la charge de l'armateur et du commandant de navire fautif.
À Marseille, aucune n'a encore atteint le maximum prévu (un million d'euros), bien que le procureur l'ait requise.La peine la plus lourde (750000 euros) a été prononcée, en2007, contre l'armateur turc et le capitaine de l'Ozden, un chimiquier surpris le 11avril 2007, au large des Îles Sanguinaires (Corse du Sud), avec, dans son sillage, une nappe d'hydrocarbures longue de dix kilomètres.
Ce délit avait été commis dans la zone de protection écologique (360km des côtes). Le 17janvier dernier, le tribunal correctionnel de Paris condamnait les responsables de la marée noire provoquée par le naufrage de l'Erika parmi lesquels Total.
Les juges ont reconnu le principe du préjudice écologique. Pour la première fois, la justice a dit que la nature avait un prix, révolutionnant le droit de l'environnement.
Luc Leroux - LaProvence.com - le 25 octobre 2008



L'Union pour la Méditerranée peine à rentrer dans le vif du sujet

Le report de la première réunion ministérielle de l'Union pour la Méditerranée depuis sa création, prévue de longue date sur les rives de la Mer Morte pour avancer sur la question cruciale de l'eau, montre les difficultés de la nouvelle organisation à rentrer dans le vif du sujet.
Ce report de dernière minute, lié en particulier à des tensions israélo-arabes, fait craindre que l'organisation, lancée le 13 juillet à Paris dans un climat d'espoir, ne se heurte très vite aux mêmes écueils que le "processus de Barcelone", initié en 1995.
"C'est une énorme déception. Cette annulation est un mauvais signe", estime Munqeth Mehyar, président de l'ONG Friends of the Earth Middle East, qui réunit Israéliens, Palestiniens et Jordaniens et est très active sur cette problématique.
"La question de l'eau est aussi urgente que celle du changement climatique. Nous devons vraiment nous asseoir à la même table et nous parler", ajoute-t-il.
Le bassin méditerranéen compte 60 millions de personnes en situation de "pénurie" (moins de 500 m3/habitant/an). Compte tenu notamment d'une forte pression démographique, en particulier au sud et à l'est, ce chiffre devrait atteindre 290 millions en 2050, selon un document de l'UMP.
Une cinquantaine de chantiers de coopération sur l'eau ont été lancés dans le cadre du processus européen de Barcelone, mais selon les termes de ses pays membres, "chevauchements, redondances et dispersion" ont sensiblement affaibli leur efficacité.
Pour le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, qui se veut confiant sur la dynamique enclenchée, l'UPM, qui réunit 43 pays (les 27 de l'UE et 16 de la rive sud de la Méditerrannée), doit d'abord régler les questions d'organisation et de gouvernance, les 3 et 4 novembre à Marseille (France), pour passer à la phase opérationnelle.
"Il faut faire accepter à tout le monde qu'il y a une rupture dans le mode de fonctionnement", a-t-il expliqué mardi lors d'une visite à Amman, reconnaissant que la difficulté consiste à "faire bouger avec presque les mêmes (que le dans le processus de Barcelone) mais pas dans la même organisation".
"Le problème de l'eau est absolument vital pour l'ensemble de la région", a-t-il ajouté, citant plusieurs projets-clés à l'étude parmi lesquels le canal reliant la Mer Morte, qui perd un mètre par an, à la Mer Rouge.
Les pays de l'UPM doivent désigner "par consensus" la ville qui accueillera le Secrétariat général de l'Union mais aussi en préciser la taille et les prérogatives. Tunis, Barcelone, Marseille ou encore La Valette font partie des villes candidates.
Point de désaccord à l'origine du report de la conférence jordanienne: la place de la Ligue arabe, dont le statut d'observateur, octroyé lors du lancement de l'UPM, fait l'objet d'interprétations divergentes.
Samedi, peu après l'annonce de l'annulation de la conférence jordanienne, les pays membres de la Ligue arabe ont souligné la "nécessité" que l'organisme panarabe participe aux réunions de l'UPM. Récemment, un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères affirmait de son côté que la Ligue arabe travaillait "contre l'idée même derrière l'Union méditerranéenne qui est la coopération".
Les semaines qui viennent diront si la mise en place du secrétariat de l'Union sera suffisante pour surmonter les blocages.
Et si, sur l'eau comme sur l'énergie, l'UPM sera en mesure de passer à l'action et de s'impliquer dans des projets "qui aient un rapport direct avec la vie quotidienne" des 750 millions de citoyens concernés, selon les termes du ministre égyptien de l'Industrie et du Commerce, Rachid Mohamed Rachid.

Romandie.com - le 29 octobre 2008

L'Union pour la Méditerranée en difficulté

Lancée en grande pompe en juillet, l'Union pour la Méditerranée (UPM), chère à Nicolas Sarkozy, bute sur des questions politiques, celles-là mêmes que les 44 participants au sommet de Paris avaient éludées, histoire de ne pas gâcher les festivités inaugurales.
A la veille de la réunion, lundi 3 et mardi 4 novembre à Marseille, des ministres des affaires étrangères de l'UPM, rien n'est réglé. Pour tenter d'arrondir les angles, le président français s'est entretenu, mercredi 29 octobre, à Paris, avec celui qui copréside avec lui l'UPM, l'Egyptien Hosni Moubarak. Mais les tractations en cours tournent à la confusion de part et d'autre de la Méditerranée.
Au sud, les modalités de la participation de la Ligue arabe constituent le principal point de blocage. Tel-Aviv accepte que la Ligue arabe soit présente en tant qu'observateur à toutes les réunions ministérielles, mais refuse qu'elle participe aux rencontres préparatoires entre diplomates et experts. "On a l'impression qu'Israël mène la danse. On va de compromis en compromis : la réunion de Marseille est pleine d'incertitudes", s'agace-t-on à Alger, en soulignant que, "dès le début, "on" a voulu évacuer la dimension politique de l'UPM. Résultat : elle revient par la fenêtre !" Le Maroc dénonce, lui aussi, le "blocage" d'Israël, "incompréhensible et absurde", dit-on à Rabat.
Cette question de la Ligue arabe explique l'annulation d'une première réunion ministérielle sur l'eau, entre ministres de l'environnement, qui devait se tenir mercredi 29 octobre en Jordanie.
Les 2 et 3 novembre, à quelques heures de l'arrivée des ministres des affaires étrangères, d'ultimes tractations auront lieu à Marseille, entre hauts fonctionnaires, pour tenter de trouver un compromis. Si la Ligue arabe est exclue de ces préparatifs, les pays arabes pourraient-ils claquer la porte ? Rien n'est exclu. D'autant que la coprésidence égyptienne soutient cette position de principe, au grand dam des pays du Nord.
Autre question ultrasensible : la localisation du secrétariat général de l'UPM. Face aux candidatures de Tunis, La Valette (Malte), Marseille, voire Bruxelles, la ville de Barcelone fait figure de favorite. Mais il n'y a de consensus ni du côté européen ni du côté arabe. La Syrie et le Liban combattent l'idée qu'un pays arabe puisse accueillir le secrétariat. Ce serait indirectement accepter, estiment-ils, une normalisation des relations avec Israël. Dans ces conditions, certaines capitales proposent Bruxelles, "à titre transitoire", pour "sortir de l'impasse".

Forcing espagnol
De son côté, la diplomatie espagnole fait, depuis plusieurs semaines, un forcing tous azimuts pour rallier à sa cause un maximum de pays, y compris de la rive sud. Des discussions ont été engagées avec la Tunisie pour qu'elle retire sa candidature. En échange, c'est un Tunisien qui pourrait prendre les commandes du bras exécutif de l'UPM et obtenir le poste de secrétaire général.
Les Espagnols affichent un optimisme de façade, mais ils savent que la partie n'est pas jouée, Nicolas Sarkozy souhaitant qu'une ville de la rive sud de la Méditerranée soit retenue.
Au nord, les diplomates français doivent batailler ferme pour organiser la coprésidence tournante entre les pays de l'Union européenne. Aux yeux d'Henri Guaino, le conseiller spécial de M. Sarkozy, la France doit assurer la présidence de l'UPM jusqu'à la prochaine réunion au sommet des 44 pays membres, dans deux ans.
Mais les deux pays qui doivent piloter l'Union européenne en 2009, la République tchèque et la Suède, ne l'entendent pas de cette oreille et brandissent les traités européens pour faire valoir leurs droits. En pleine crise financière, l'intention prêtée au chef de l'Etat français de présider la zone euro a accru le malentendu, en particulier avec le gouvernement tchèque, qui dénonce une "campagne" malintentionnée à son égard. M. Sarkozy et le premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, devaient tenter de s'expliquer, vendredi 31 octobre à l'Elysée, lors d'un déjeuner organisé pour calmer le jeu.
Florence Beaugé, Philippe Ricard (à Bruxelles) et Jean-Jacques Bozonnet (à Madrid) - LeMonde.fr - le 31 octobre 2008

Salon Euro-Méditerranéen de la Micro-Entreprise Féminine : Le rendez-vous des femmes entrepreneuses

Le 1er Salon Euro-Méditerranéen de la Micro-Entreprise Féminine, qui se tiendra du 12 au 16 novembre 2008, sera inauguré à Strasbourg dans le cadre des JED 2008 (les journées européennes du développement).
Cet événement est initié et piloté par BATIK International, ONG française de développement, en collaboration avec ses partenaires de la rive Sud de la Méditerranée : Bnet Fatma N'Soumer (Algérie), EACD (Egypte), Al Majmoua (Liban), PMDI (territoires palestiniens), ENDA-Inter-arabe (Tunisie) et KEDEV (Turquie).
L'idée de cet événement est née du projet FEM (Femmes Entrepreneuses en Méditerranée), piloté par ENDA inter-arabe et financé par l'Union Européenne dans le cadre du Programme « Améliorer les Opportunités d'intégration des femmes dans la vie économique » et cofinancé, notamment, par la Région PACA.
55 micro-entrepreneuses algériennes, égyptiennes, libanaises, marocaines, palestiniennes, tunisiennes et turques participeront à cette manifestation. Donner accès à ces femmes à des réseaux plus larges, leur donner la possibilité de tirer profit, à leur niveau, de la mondialisation des échanges est l'ambition essentielle de cet événement.
Accompagner leur entrée sur le marché européen, c'est donner un coup d'accélérateur économique à leur micro-entreprise mais c'est aussi renforcer leur sentiment d'inclusivité dans un espace euro-méditerranéen en gestation.
Ce salon s'inscrit dans une démarche de commerce équitable fondée sur le dialogue, la transparence et le respect pour offrir de meilleures conditions d'échanges et sécuriser les droits des producteurs.
Secteurs d'activités ciblés : Couture, broderie, bijouterie, tissage, accessoires, poterie, céramique, cuir, produits agroalimentaire. Évènement soutenu par le Ministère des Affaires Etrangères (France) et la Fondation de France.

L'histoire d'un partenariat

Dans les pays ciblés, les emplois salariés étant rares, mais les opportunités de création d'activités nombreuses, le projet FEM avait pour but d'aider les femmes méditerranéennes à s'en saisir.
Ainsi, pendant 3 ans, le projet FEM a permis à des milliers de femmes micro-entrepreneuses d'accéder à des services d'accompagnement à la création et au développement de leur activité économique grâce aux BDS – Business Development Services : formation, sensibilisation, diagnostic et conseil personnalisé, etc.

L'histoire de femmes micro-entrepreneuses
Au cours du projet FEM, l'organisation de 3 Forums à Tunis (2006), au Caire (2007) et à Casablanca (2008), a permis à 200 femmes tunisiennes, égyptiennes, marocaines et libanaises de se rencontrer, d'échanger leurs expériences et de nouer des contacts commerciaux.
Les retours positifs ainsi que les demandes formulées par les femmes n'ayant pu participer aux Forums ont encouragé les partenaires à penser un projet plus ambitieux : le 1er Salon Euro-Méditerranéen de la Micro-Entreprise Féminine, qui s'est donné pour objectifs de :
→ Créer un moment fort de visibilité pour l'entrepreneuriat féminin méditerranéen et valoriser ces femmes en Europe et dans les pays partenaires,
→ Créer des liens commerciaux durables entre les micro-entrepreneuses de la rive sud de la Méditerranée et le marché européen, et contribuer au développement des ces micro-entreprises, à leur rentabilité et à leur pérennité.
Audinet Tunisie - le 28 octobre 2008

EUROMED à Nice : les industries européenne et méditerranéenne en sommet

Un nouvel événement de la présidence française de l'Union Européenne les 5 et 6 novembre au Palais de la Méditerranée et au Négresco : la 7ème conférence euro-méditerranéenne des ministres de l'Industrie qui réunit les 27 pays de l'Union et 13 partenaires méditerranéens.
Nice sera de nouveau au cœur de la construction de l'Europe et de l'Union pour la Méditerranée à travers la conférence EUROMED-Industrie qui aura lieu les mercredi et jeudi 5 et 6 novembre entre Négresco et Palais de la Méditerranée. Nouvel événement de la Présidence française de l'Union européenne, la conférence en elle-même réunira les ministres de l’Industrie des vingt-sept pays de l’Union Européenne, et des treize partenaires méditerranéens (Albanie, Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Syrie, Territoires Palestiniens, Tunisie, Turquie, Libye en tant qu’observateur).
Elle sera co-présidée par Luc Chatel, Secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, Porte-Parole du Gouvernement, avec le ministre égyptien du Commerce et de l'Industrie, Rachid Mohamed Rachid, en présence du Vice-Président de la Commission européenne, Günter Verheugen. Au total, ce sont quelque 250 participants qui sont attendus.
La 7ème conférence euro-méditerranéenne des ministres de l'Industrie s'inscrit dans le cadre du processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée, dont le premier Sommet a eu lieu le 13 juillet 2008 à Paris.
Il s’agit d’un partenariat multilatéral visant à accroître le potentiel d’intégration et de cohésions régionales. Pour tenir compte des résultats du Sommet du 13 juillet dernier, de nouveaux partenaires méditerranéens ont été invités : la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Croatie et la Principauté de Monaco.
Des représentants du secteur privé et des fédérations professionnelles euro-méditerranéennes sont également invités.

A Nice, le programme de travail des ministres sera articulé autour de trois questions :
1. comment porter la zone euro-méditerranéenne aux meilleurs niveaux de compétitivité ?
2. comment optimiser la coopération industrielle pour promouvoir l’économie du savoir ?
3. comment placer le développement industriel durable au cœur de la coopération industrielle euro-méditerranéenne ?

Cette conférence, indique un communiqué officiel, "réaffirmera qu’il est nécessaire de renforcer et de coordonner les efforts dans l’ensemble de la région, afin :
- de renforcer la compétitivité des entreprises, en accordant une attention particulière aux besoins des petites et moyennes entreprises
- de stimuler les investissements
- de faciliter la libre-circulation des biens industriels
- de promouvoir l’innovation
- de développer le secteur des services en identifiant des secteurs clefs et en encourageant la coopération régionale
- de s’inscrire dans le cadre du développement durable
Autant de réflexions qui conduiront les ministres à définir le programme de travail 2009-2010 pour la coopération industrielle euro-méditerranéenne.

La veille, le mercredi 5 novembre aura lieu la journée euro-méditerranéenne sur l’évaluation de la conformité dont l’objectif est d'aider les pays du pourtour méditerranéen à établir un cadre juridique et à mettre en place les infrastructures appropriées dans la perspective de la création d’une zone de libre-échange euro-méditerranéenne à échéance 2010

Rivierabiz.com - le 29 octobre 2008

Les arabes, l’UPM et le véto israélien

C’était un objet politique à l’identité indéterminée. Sa première réunion ministérielle sur l’eau prévue en Jordanie de longue date a été reportée à la dernière minute. Il s’agit de l’Union pour la Méditerranée (UPM), lancée en grande pompe à Paris en juillet dernier.
Comble de l’ironie pour les responsables arabes qui ont choisi de braver des opinions globalement hostiles au projet, ce report est intervenu car Israël ne voulait pas de la présence de la Ligue arabe. Voilà une inversion des situations qui met les pays arabes qui ont choisi de faire de l’Union pour la Méditerranée dans une position assez bancale. Vont-ils accepter l’exclusion de la Ligue arabe comme l’exige Tel-Aviv ? On aura assez rapidement la réponse, puisque les chefs de la diplomatie des pays de l’Union pour la Méditerranée se rencontreront les 3 et 4 novembre à Marseille. Elle aura pour but de décider du lieu et de la composition du Secrétariat général de l’UPM.
Mais puisqu’Israël a choisi d’ouvrir un front contre la Ligue arabe, c’est sur cette question que les opinions publiques attendront les Etats arabes. A plus forte raison quand Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, semble implicitement pencher en faveur des exigences d’Israël. Les pays arabes, qui subissent le veto permanent des Etats-Unis au Conseil de sécurité, seraient ainsi sommés d’accepter un veto israélien - qui serait soutenu par quelques pays de l’ex-Europe de l’Est - à la participation de la Ligue arabe à l’UPM.
Voilà en tout cas une attitude qui en dit long sur la finalité cachée de l’Union pour la Méditerranée. Il s’agit bien de contraindre les pays arabes du Sud à aller en ordre dispersé dans une nouvelle organisation où ils devront dépenser beaucoup d’argent pour financer les projets, mais où les gains politiques ne sont qu’en faveur d’Israël.
Comment d’ailleurs ne pas se rappeler les avertissements très pertinents du colonel Kadhafi sur les objectifs diviseurs de l’Union pour la Méditerranée. On se souvient, le colonel Kadhafi a refusé de participer au lancement de l’UPM en faisant valoir qu’il n’acceptait pas que l’Union européenne soit entièrement impliquée, alors que la Ligue arabe et l’Union Africaine en seraient exclues. « Il existe des cartes et des plans impérialistes que nous avons déjà connus et nous ne devons pas accepter d’en connaître à nouveau », avait-il dit en parlant de l’UPM.
Force est de constater que le leader libyen avait bien raison quand on voit Israël prétendre exercer un veto contre la présence de la Ligue arabe... Pour une grande partie des opinions dans le monde arabe, l’UPM n’est qu’un montage destiné à assurer, à peu de frais, une normalisation des relations des pays arabes avec Israël. Si les pays arabes qui ont accepté de faire partie de l’Union pour la Méditerranée cèdent sur cette question, ils perdraient totalement la face.
Le Journal Chrétien.net, en partenariat avec le Quotidien d’Oran - le 29 octobre 2008

Sommet Euromed des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires

Lors de leur récente réunion au Maroc, les participants au «sommet euro-méditerranéen des conseils économiques et sociaux et institutions similaires» ont adopté une déclaration détaillée dans laquelle ils exposent leurs positions sur les divers domaines de coopération ainsi que le futur programme de travail du sommet.
Dans cette déclaration, qui sera présentée à la conférence Euromed des ministres des affaires étrangères les 3 et 4 novembre en France, les participants prennent note du lancement du «processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée» du 13 juillet 2008. Ils «invitent les États membres de l'UE et les partenaires Euromed à veiller à ce que cette nouvelle initiative s'appuie sur les réalisations du partenariat euro-méditerranéen en lui donnant un contenu plus concret notamment grâce à la réalisation de projets».

Les participants «regrettent que les conseils économiques et sociaux et institutions similaires n'aient pas été impliqués dans le processus de consultation» sur la mise en place de l'Union pour la Méditerranée, car la réussite de cette initiative «dépendra de la participation active de la société civile et notamment du secteur privé». Ils affirment toutefois que leur réseau est disposé à collaborer étroitement avec les instances de l'Union pour la Méditerranée et à jouer un rôle actif dans la proposition, la promotion et le suivi des projets tant au niveau national que régional.
Dans leur déclaration, ils «proposent que le réseau de coopération des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires, avec le Comité économique et social européen, dispose d'une véritable représentation dans les instances du «processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée», permettant aux organisations de la société civile d'être informées et de participer aux décisions les concernant».

Cette déclaration expose également les positions des participants sur la dimension sociale des relations entre l'UE et les pays partenaires, sur l'accès des femmes à la vie économique et sociale et sur la mise en place d'un espace de libre-échange dans la région Euromed.
Les thèmes à traiter lors du sommet 2009 (programme de travail 2009-2010) seront les suivants:
- Changement climatique et Méditerranée: défis environnementaux et énergétiques.
- Pour une stratégie économique et de l’emploi fondée sur une société de la connaissance dans la région Euromed.
- Participation effective de la société civile des pays partenaires méditerranéens, dans le contexte des changements démographiques et culturels, à l'avenir de l'Union pour la Méditerranée.
La réunion a également donné l'occasion de présenter d'autres rapports, consacrés aux thèmes des femmes, des politiques de l'emploi, de la liberté d'association et de la dimension sociale des relations entre l'Union européenne et les pays méditerranéens partenaires. Ces rapports ainsi que les discours et exposés peuvent être consultés sur le site Internet du Comité économique et social européen (CESE).
Le sommet euro-méditerranéen des conseils économiques et sociaux et institutions similaires est financé par le Programme régional, qui lui octroie un montant annuel de 50 000 euros au titre du programme MEDA. Il s'agit d'un forum permanent qui, depuis 1995, examine les questions sociales et économiques présentant un intérêt pour le partenariat euro-méditerranéen.

Euromedinfo.eu - le 27 octobre 2008

Tunis abrite l’assemblée générale de l’Union des universités de la Méditerranée

L’assemblée générale de l’Union des universités de la Méditerranée se tiendra à Tunis les 24 et 25 octobre 2008 à Tunis avec la participation d’environ 80 universitaires représentant 80 établissements de l’enseignement supérieur de 20 pays méditerranéens appartenant à ce réseau universitaire.
Dans une rencontre avec les représentants des médias nationaux, M.Abderraouf Mahbouli, président de l’Université de Tunis a indiqué que les participants aux travaux de cette assemblée étudieront plusieurs thèmes portant sur l’impulsion de la coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur méditerranéen et la présentation des expériences d’un nombre d’établissements de l’enseignement supérieur dans le domaine de la formation académique, la gestion et la réforme de l’enseignement universitaire.
Il a ajouté que les établissements universitaires relevant de l’Union des universités de la Méditerranée ont pour objectif d’instaurer un espace euro-méditerranéen de l’enseignement supérieur contribuant à faciliter l’échange des expertises et expériences entre les établissements de l’enseignement supérieur dans les pays méditerranéens.
Figure au programme de cette assemblée générale une communication scientifique intitulée ”La Méditerranée dans le monde d’aujourd’hui” du Pr Jaime Gil Aluja, président de l’Académie royale d’Espagne des sciences économiques et financières.
Le programme comporte trois tables rondes sur ”L’avenir de la coopération interuniversitaire en Méditerranée” du Pr Michèle Gendreau, ancienne recteur de l’Agence universitaire de la francophonie et ”La mobilité en Méditerranée” du professeur italien Alessandra Bianchi et ”Les réformes en matière d’enseignement supérieur dans les universités méditerranéennes, le système LMD et l’assurance qualité” du Pr Rafika Kesri, rectrice de l’Université de Boumerdes (Algérie).
Présentation sera également faite de l’université euro-méditerranéenne et du projet Tempus Medtra sur l’impulsion de la qualité dans l’enseignement supérieur. L’assemblée générale permettra de discuter plusieurs questions sur l’organisation interne de l’union.
Rappelons que l’Union des universités de la Méditerranée a été créée en 1991.Elle est considéré comme le plus grand réseau des établissements méditerranéens d’enseignement supérieur dans l’espace méditerranéen et vise à renforcer la coopération bilatérale et multilatérale entre les universités ainsi qu’exploiter au mieux les compétences universitaires et académiques au service du système de l’enseignement supérieur dans les pays méditerranéens.
Les universités tunisiennes relevant de l’union sont au nombre de 5 ,elles jouent un rôle important dans la dynamisation de l’échange scientifique et académique entre les universités méditerranéennes et la mise en place de programmes et projets de coopération commune sous la forme d’unités de formation couronnées par des diplômes scientifiques en collaboration avec un nombre d’universités méditerranéennes et portant sur le développement et l’exploitation du patrimoine et de l’enseignement à distance, outre la structuration de la gestion des universités et l’exploitation des ressources hydrauliques.

Infotunisie.com - le 21 octobre 2008

Les moules au secours de la Méditerranée

La pollution des mers et des océans a fait l’objet de débats passionnants à Toulon, lors du Forum de la mer, Biomarine 2008 ce mardi
Le forum de la mer, Biomarine 2008 est un forum international qui rassemble durant cinq jours le monde industriel, scientifique et politique autour de la mer. Dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, 2 000 acteurs internationaux se retrouvent à Toulon (20 et 21 octobre) et à Marseille (22, 23, et 24) afin de faire émerger des solutions innovantes et concrètes pour la mer et les océans.
On dit souvent que la nature fait bien les choses. Les résultats obtenus dans le cadre des projets Mytilos, Mytimed, Mytiad et, en 2009, Mytior en sont une fois de plus la preuve. Du latin ‘mytilus’, ces appellations aux intonations mythologiques font référence à l’acteur principal de l’étude : la moule. Ce (délicieux) coquillage s’révèle être un extraordinaire instrument de mesure de la pollution marine, que n’égale aucun instrument technique!
La moule, un gros filtreur“Ça fait trente ans qu’on uilise les moules pour surveiller la contamination des eaux”, ex­plique Louis-Alexandre Roma­na, chercheur à l’Institut francais de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). “Les moules filtrent entre 4 et 5 litres d’eau par heure, absorbant ainsi les contaminants. Au bout de trois mois, la concentration des polluants dans le corps du mollusque est la même que celle de l’eau”, explique ce scientifique. L’ori­ginalité des projets “Myti”, initiés par l’Ifremer en 2004 puis reconduits partout en Méditer­ranée, c’est que les moules proviennent toutes d’un même endroit : pour avoir des données fiables, il faut connaître l’histoire de l’animal.
Les grandes villes reponsables de la pollution
Des poches de moules ont été placées à 500 endroits, révélant que les sites les plus pollués sont ceux situés à proximité des grandes villes. Alors que l’industrie a été pendant longtemps pointée du doigt, les experts présents au Forum de la mer à Toulon, ce mardi, s’accordent pour dire que nous sommes la plus grande menace sur la Méditerranée. Aujourd’hui, 450 millions de personnes vivent le long des côtes méditerranéennes. Elles seront 600 millions en 2050, et les touristes passeront de 100 millions par an à 350 millions”, a averti Francesco Civili, du plan de protection de la Médi­terranée de l’Unep (Program­me des Nations unies pour l’environnement). Dans 30 à 40% des villes côtières, les eaux usées partent directement à la mer, sans assainissement.
Les moules montrent clairement le chemin de la dépollution. Il part d’une meilleure gestion de nos villes, de nos déchets, de nos jardins... pour arriver à un constat simple : pour dépolluer, mieux vaut ne pas polluer. Avez-vous déjà essayer d’enlever le sucre en trop de votre café ?
Par Metrofrance.com - le 23 octobre 2008

L'UICN pour un moratoire sur la pêche au thon rouge en Méditerranée

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s'est prononcée pour un moratoire sur la pêche au thon rouge en Méditerranée afin de permettre la restauration du stock, lors de son 4e congrès mondial à Barcelone (Espagne), a-t-on appris mardi auprès de l'UICN.
Une recommandation en ce sens a été adoptée par les membres de l'UICN, a indiqué à l'AFP un porte-parole interrogé par téléphone depuis Paris.
"Pour la première fois, les Espagnols et les Japonais se sont ralliés à une majorité d'autres pays afin de proposer la fermeture de la pêche au thon rouge en Méditerranée", s'est félicité le Fonds mondial pour la nature (WWF), saluant dans un communiqué une "avancée historique".
L'Espagne est un des premiers pays pêcheurs de thon rouge et le marché japonais constitue leur principal débouché.
La recommandation de l'UICN vise à demander à la Commission internationale pour la conservation des thonidés (Iccat), dont la prochaine réunion est prévue en novembre à Marrakech (Maroc), de se prononcer pour une suspension immédiate de la pêche au thon rouge.
"C'est un pas important: en général les recommandations de l'UICN sont suivies d'effet", a déclaré à l'AFP François Simard, responsable du programme global marin de l'UICN.
L'association écologiste Greenpeace s'est elle aussi félicitée de cette décision, estimant qu'un moratoire était indispensable, étant donné le risque élevé d'effondrement du stock de thon rouge.
Cette recommandation correspond à ce que Greenpeace demande depuis des années et s'ajoute à de multiples appels récents d'experts allant dans le même sens, a-t-elle souligné dans un communiqué diffusé à Paris.
Alors que le niveau de capture autorisé par l'Iccat était de 29.500 tonnes pour 2007, le niveau réel de capture a été de 61.000 t, soit plus du double, selon le rapport du comité scientifique de cet organisme rendu le 12 octobre, a souligné Greenpeace.
"L'Iccat doit désormais tenir compte des revendications de la communauté internationale pour sauver le thon rouge de Méditerranée. Cette année, la réunion de l'Iccat sera celle de la dernière chance pour éviter l'effondrement de l'espèce", a commenté Charles Braine, responsable du programme pêche au WWF France.
Organisation environnementaliste atypique, l'UICN rassemble plus d'un millier d'ONG et de gouvernements et quelque 10.000 scientifiques bénévoles dans plus de 150 pays.
Son 4e congrès mondial, qui s'est ouvert le 5 octobre à Barcelone avec la participation d'environ 8.000 personnes, a pris fin mardi.

AFP - le 14 octobre 2008

La dépollution de la Méditerranée. Un défi majeur pour le "processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée"

Introduction :
Afin de concrétiser auprès de l'opinion publique " le processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée ", porté sur les fonds baptismaux à Paris le 13 juillet 2008, il fallait des projets concrets.
Lors de la conférence d'Alain Le Roy à Toulon le 16 mai 2008 [1], l'Ambassadeur, alors en charge du projet de l'union méditerranéenne, avait souligné que la future Union pour la Méditerranée se devait d'être concrétisée par de véritables projets devant être annoncés le jour du lancement du " processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée ". Il rappela la formule d'une " Union de projets pour un projet d'union ".
La déclaration commune du sommet de Paris pour la Méditerranée du 13 juillet 2008 a repris ce souci de lisibilité : ce processus consistait " à (le) traduire en projets concrets qui soient davantage visibles pour les citoyens " afin de donner " un nouvel élan au processus de Barcelone " en rendant les relations entre les Etats concernés " plus concrètes et plus visibles grâce à des projets régionaux et sous-régionaux supplémentaires, utiles pour les citoyens de la région ". L'annexe de la déclaration commune du 13 juillet 2008 mentionne que le futur secrétariat du " processus de Barcelone : une union pour la Méditerranée " devra présenter en détail " un certain nombre d'initiatives clés " parmi lesquelles figurent la dépollution pour la mer Méditerranée.
La mer Méditerranée, espace maritime menacé, est ainsi au centre d'une initiative laquelle, au demeurant, n'est pas novatrice en elle-même car le projet reposera sur des initiatives existantes, ainsi que sur des études et rapports déjà rédigés [2].

1.La mer Méditerranée et ses particularités
La mer Méditerranée a une superficie de 2,5 millions de km². Elle représente 0,7 % de la surface des mers du globe. Ses côtes s'étendent sur 46.000 km en passant par 22 pays peuplés de plus de 400 millions d'habitants. La Méditerranée est une mer de taille modeste à l'échelle de la planète ; elle est quasi fermée avec une ouverture naturelle à l'ouest (détroit de Gibraltar) et une autre non-naturelle à l'est, le canal de Suez. Le phénomène de marée y est extrêmement faible (amplitude inférieure à 1 mètre).
Jean-Marie Pelt souligne qu'il n'existe pas de forts courants en mer Méditerranée comme dans les océans. Les fleuves bordant la mer Méditerranée ne viennent pas l'alimenter suffisamment, elle se renouvelle donc peu, et ce en raison de l'évaporation de leur eau et du pompage pour l'irrigation dont ils font dorénavant l'objet. Alors que l'eau rentre en surface à hauteur de Gibraltar où la profondeur est de l'ordre de 300m, elle en ressort au même endroit vers 250m de profondeur ; étant donné qu'il existe peu de courants verticaux en Méditerranée, cette mer développe peu de phytoplanctons car les minéraux ne remontent pas en surface ce qui donne cette couleur bleu si particulière à la mer Méditerranée [3].
Le climat méditerranéen est quasi unique car il n'existe que peu de régions du monde ayant un climat similaire, par exemple au Chili ou encore en Afrique du sud.
La mer Méditerranée est un réservoir majeur de biodiversité qui accueille plus de 25.000 espèces de végétaux, 650 espèces d'animaux marins (dont 28% seraient introuvables ailleurs) et 19 des 80 espèces connues de cétacés. Au cours des quinze dernières années plus de 60 nouvelles espèces seraient apparues en mer Méditerranée ; toutefois le nombre d'individus par espèce serait peu élevé.
Par ailleurs, entre 2 et 5 billions d'oiseaux migrateurs passent chaque année par les grands deltas des fleuves bordant la mer Méditerranée comme le Rhône en France ou le Nil en Egypte ; cependant, il est d'usage d'estimer que seuls 6% des marécages qui existaient à l'époque romaine sont encore là maintenant.

2.L'espace maritime méditerranéen menacé
Le constat est, en effet, alarmant car l'espace maritime méditerranéen est très sensible à la pollution.
La mer Méditerranée est une mer très fréquentée. Elle supporte 30% du commerce maritime mondial dont 22% du trafic pétrolier mondial. Plus de 2 000 navires sont en permanence à la mer avec, parmi eux, 200 à 300 pétroliers pour un total annuel moyen de l'ordre de 220.000 navires navigant en Méditerranée [4].
Des fouilles archéologiques ont permis d'établir que la mer Méditerranée était bordée de forêts importantes qui ont, pour beaucoup, disparu au cours des siècles en raison de l'agriculture et de la présence de l'homme. Les forêts ne couvriraient plus que 5% de la région méditerranéenne, principalement dans sa partie nord. La conséquence prépondérante de cette déforestation est que l'humus en surface se voit emporté quand il pleut ; cela provoque alors une érosion des sols et, ainsi, une érosion de la biodiversité : de nos jours, les sols sont appauvris. Les pins, qui se contentent de sols pauvres, ont ainsi remplacé les chênes [5].
Les rives de la mer Méditerranée sont surpeuplées : plus de 150 millions d'habitants soit quasiment 1/3 de la population des pays riverains. Ce chiffre a quasiment doublé au cours des 40 dernières années. Ces rives sont soumises, dans certaines parties, à une urbanisation galopante souvent mal contrôlée. A l'horizon 2025, la moitié du littoral méditerranéen sera construit.
La région méditerranéenne est la première région touristique du monde. Il faut ainsi rajouter à la population vivant sur les rives quelques 200 millions de touristes qui viennent, chaque année, en villégiature sur les côtes méditerranéennes. Les prévisions mentionnent un chiffre de 300 millions de touristes par an à l'horizon 2025 avec une majorité localisée dans une zone inférieure à 100 mètres du rivage alors qu'il est déjà observé une augmentation très sensible, tous les étés, d'une pollution des eaux marines par beaucoup de matières organiques biodégradables.
Pour tout un chacun, il existe bien souvent une cible quasi systématique voire unique lorsqu'il s'agit d'évoquer les sources de pollution des mers, et de la mer Méditerranée en particulier : les navires de commerce.
Le monde a connu de grandes catastrophes de pollution par hydrocarbures provenant de navires. Depuis 1967, (navire "TORREY CANYON "), la mer Méditerranée a connu la 4ème pollution la plus importante au monde (navire " HAVEN ", Gênes (Italie) 1991, 144.000 tonnes d'hydrocarbures déversés à comparer avec le navire " ERIKA " qui ne déversa " que " 20.000 tonnes). C'est la seule pollution majeure qui est survenue en mer Méditerranée parmi les 20 plus grandes pollutions du monde depuis 1967 ; il n'en demeure pas moins que la mer Méditerranée fut le théâtre de plus de 380 accidents maritimes entre 1977 et 2005, sources de pollutions maritimes.
Certes, ces pollutions frappent l'opinion publique mais la principale cause de pollution liée aux navires reste le dégazage et le déballastage sauvages des navires en mer. Selon la Préfecture Maritime de Toulon, ces rejets illicites correspondraient à six marées noires de type " ERIKA " ; il est à noter que d'autres sources soutiennent que ces rejets seraient équivalents à 1 million de tonnes d'hydrocarbures par an, soit 50 " ERIKA ". Dans tous les cas, au-delà des chiffres, le phénomène est incontestable.
Cependant, les pollutions par hydrocarbures résultant de la présence de navires n'est pas, contrairement aux idées reçues, la principale source, loin s'en faut, de la pollution de la mer Méditerranée. Fouad Alsousamra, coordinateur d'un rapport sur le sujet pour le Plan d'Action pour la Méditerranée, soulignait, dès 2003, que l'aquaculture serait également une source de pollution quand 110 kg d'azote, 12 kg de phosphore et 450 kg de carbone seraient émis par tonne produite dans les fermes aquacoles.
Dans tous les cas, il s'avère que 80% de la pollution serait de source continentale.
Les eaux usées urbaines, agricoles ou pluviales charrient et drainent des déchets solides, dont 70% sont des plastiques et des bouteilles, ou des produits toxiques, tous peu biodégradables. Ces déchets se répandent au gré des courants, certes faibles, et des vents ; ils constituent une menace pour la faune et la flore marines. En période estivale, une étude, faite en 2004, mentionne que ce sont chaque jour jusqu'à 2m³ de déchets qui sont abandonnés par kilomètre de côte. Par ailleurs, 70% des eaux usées qui se déversent chaque année en mer Méditerranée ne seraient pas traitées.
Le nombre d'habitants sur les rives et le surcroît estival de population augmentent le phénomène de pollution d'origine terrestre avec pour certains pays, comme par exemple ceux du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, un manque d'eau potable laquelle est souvent affectée par le rejet des déchets ou des eaux usées. Sur la bordure littorale, l'accroissement des besoins dépasse souvent le développement des infrastructures et, notamment, le développement des systèmes d'épuration.

3. La dépollution de la mer Méditerranée : une prise de conscience déjà ancienne
La navigation maritime s'est d'abord inscrite dans une démarche mondiale. L'Organisation Maritime Internationale (OMI) a érigé des règles internationales en constante évolution depuis les textes MARPOL (Maritime Pollution) de 1973. Les pollutions dues à des naufrages de pétroliers ont très sensiblement diminué dans le monde en général depuis les années 1970 pour passer d'une moyenne de 25,2 pollutions par an à moins de 4 pollutions depuis le début du XXIème siècle.
L'Union européenne a élaboré les " paquets ERIKA [6] " pour lutter contre la pollution des navires. De plus, les contraintes techniques sur les navires sont apparues (doubles fonds, doubles coques, cales multiples, etc.). Les rejets sauvages d'hydrocarbures sont pénalement réprimés [7].
En ce qui concerne plus précisément le projet de dépollution de la mer Méditerranée, une somme de travail très importante a déjà été fournie depuis de nombreuses années par différents organismes.
En effet, dès 1975, 16 pays riverains de la mer Méditerranée et la Communauté Européenne adoptaient le Plan d'Action pour la Méditerranée (PAM) qui fait partie du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). En 1976, la Convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution, dite Convention de Barcelone, devenait le cadre juridique du PAM. Elle fut modifiée en 1992, en 1995, en 1997 et en 2002.
Le PAM a son programme environnemental pour le contrôle de la pollution : le MED Pol qui avait déjà souligné qu'il était nécessaire de " recenser toutes les sources de pollution et les endroits à risque et apporter une solution adaptée à chaque pays " [8].
Par ailleurs, au cours du sommet Euro-Med de novembre 2005 naquit l'initiative euro-méditerranéenne " Horizon 2020 " qui abordait les problèmes environnementaux de la région méditerranéenne dans son ensemble.
En novembre 2006, au Caire, se tenait pour la première fois hors de l'Union européenne, la conférence interministérielle euro-méditerranéenne sur l'environnement. Un accord était signé sur un calendrier des actions à mener dans le cadre du programme " Horizon 2020 " pour lutter contre les sources majeures de pollution de la mer Méditerranée d'ici à 2020. Un des piliers, au nombre de 4 [9], de l'initiative " Horizon 2020 " est le financement de projets destinés à réduire les sources les plus significatives de pollution.

4. Un projet à financer
L'Union européenne précisait qu'elle " ne (pouvait) résoudre seule tous les problèmes de la région, mais (qu') elle (était) prête à utiliser les ressources dont elle dispose pour participer avec ses voisins à la protection de cet héritage commun qu'est la mer Méditerranée " [10]. Il était, par ailleurs, souligné que les nouvelles actions devaient inclure l'organisation de projets avec, entre autres, la Banque européenne d'investissement (BEI).
La BEI lança, avec le soutien de sa branche méditerranéenne, la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat), une étude " pour évaluer le potentiel des projets d'investissements à réduire la pollution et anéantir les points chauds de pollution dans les pays concernés par la Politique Européenne de Voisinage (PEV), ainsi que le besoin d'un programme d'investissement sur les points chauds méditerranéens " comme le souligne le rapport qui découla de cette initiative [11].
En avril 2008, la Commission européenne et la BEI publièrent une liste de 44 projets prioritaires situés dans des pays du sud de la Méditerranée [12]. Cette présentation fut faite trois mois avant le sommet de Paris. Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI en charge de la FEMIP, précisa qu'ils apportaient " du grain à moudre " et que cela ne venait pas en concurrence avec le projet de dépollution de la mer Méditerranée contenu dans le " processus de Barcelone : une union pour la Méditerranée ".
En mai 2008, l'Ambassadeur Alain Le Roy reprenait clairement à son compte cette présentation quand il mit en avant que " 130 sites à traiter étaient déjà identifiés et que le projet en lui-même viserait 44 sites pour un investissement estimé à 2,1 milliards € " [13], chiffre du coût des projets mentionnés dans le rapport présenté par la BEI et la Commission européenne : MeHSIP. A l'issue du sommet de Paris du 13 juillet 2008, les chefs d'Etat et de gouvernement ont appelé à une accélération de la mise en œuvre de l'initiative " Horizon 2020 ".
Alors que des programmes de dépollution existent déjà dans beaucoup de pays du pourtour méditerranéen, ceux-ci sont financés principalement par des fonds nationaux. Le financement des projets identifiés demeure au cœur de la problématique, sauf peut-être en Algérie qui pourrait autofinancer ses projets.
Le nouveau Fonds d'Investissement en faveur de la Politique Européenne de Voisinage (FIPV) [14] pourrait être mis à contribution par l'octroi de subventions destinées à soutenir les prêts d'institutions financières publiques européennes comme la BEI ou la KfW allemande [15]. Des bailleurs de fonds dans les pays où se situeront les projets seront également concernés. Enfin, le secteur privé devra investir dans des infrastructures environnementales.
Par ailleurs, il s'avèrera essentiel de vérifier la faisabilité technique des projets sur les points chauds prioritaires qui concernent l'eau usée urbaine (57% des projets), les déchets solides municipaux (18%) et les émissions industrielles (14%), les 11% restant concernant d'autres secteurs.

Conclusion
Le projet de dépollution de la mer Méditerranée s'inscrit ainsi dans une logique préexistante et un travail fourni déjà considérable depuis de nombreuses années.
Il est raisonnable de penser que ce projet, inscrit dans le cadre du " Processus de Barcelone : une union pour la Méditerranée ", permettra de mettre en place un système élargi de coopération entre les Etats signataires et un renforcement de cette coopération pour mener à bien des projets concrets et déjà identifiés.
La menace qui pèse sur la mer Méditerranée est réelle car c'est une mer fragile et déjà fragilisée. Joan-Domenec Ros, spécialiste de l'environnement à l'université de Barcelone, déclarait que " tout ce que nous utilisons sur la terre ferme finit dans la mer, et que la solution ne se trouve pas à la fin du processus (c'est-à-dire en mer) mais au début ".
La lutte contre la pollution de la mer Méditerranée – car ne s'agit-il pas plus ici de lutte contre la pollution plutôt que de dépollution ? – devra se concevoir avec des solutions spécifiques à chaque problème posé. Ainsi, il serait vain d'agir de façon uniforme pour juguler la pollution de la mer Méditerranée, car les sources de pollution sont importantes et différentes.
Auteur : Philippe Garo : Expert associé à la Fondation Méditerranéenne d'Etudes Stratégiques (FMES) - Fondation Robert Schuman - le 20 octobre 2008

[1] Conférence d'Alain Le Roy, chargé de l'Union pour la Méditerranée par le président français Nicolas Sarkozy, organisée à l'initiative de la Fondation Méditerranéenne d'Etudes Stratégiques avec pour thème : " Etat actuel du projet d'Union pour la Méditerranée ".
[2] Le présent article est basé sur une fiche documentaire n°03/08 publiée à Toulon le 20 mai 2008 et établie par le Comité Provence de l'Institut Français de la Mer.
[3] Le professeur Jean-Marie Pelt, qui accompagna pendant une période de sa vie Robert Schuman, est Président de l'Institut Européen d'Ecologie et professeur émérite de l'Université de Metz. Ces propos sont tirés d'une conférence à Toulon le 2 octobre 2008 sur le thème " Ecologie et Méditerranée " dans le cadre du Festival International du film maritime, d'exploration et d'environnement de Toulon.
[4] Source CEDRE
[5] J.-M. Pelt, Toulon le 2 octobre 2008
[8] Propos de F. Saverio Civili, coordinateur du MED Pol, cité par le journal Elwatan, Olivia Marsaud, le 18 avril 2005 – www.elwatan.com
[9] Les trois autres axes sont les mesures de renforcement des capacités pour aider les pays limitrophes à créer des administrations environnementales nationales capables de développer la législation environnementale et de veiller à son application ; l'utilisation du budget Recherche de la Commission en vue d'accroître les connaissances environnementales propres à la Méditerranée et en assurer leur diffusion ; le développement d'indicateurs visant à mesurer le taux de réussite d'Horizon 2020
[10] Les Etats membres de l'Union européenne vont devoir arriver à un " bon état écologique " de leur milieu marin d'ici à 2020, suite à l'entrée en vigueur de la Directive 2008/56/CE " stratégie du milieu marin " du Parlement Européen et du Conseil du 17 juin 2008 à transposer dès 2010 dans leurs législations nationales avec une présentation, en 2012, de l'état des lieux de leur milieu marin et des moyens à mettre en œuvre pour arriver à l'objectif de " bon état écologique " pour 2020.
[11] Rapport Horizon 2020 – Elaboration of a Mediterranean Hot Spot Investment Programme – MeHSIP – Janvier 2008
[12] Le rapport Horizon 2020 – Elaboration of a MeHSIP concerne ces 44 projets et il fait état d'études en Algérie, en Egypte, en Israël, en Jordanie, au Liban, au Maroc, dans les Territoires Palestiniens, en Syrie et en Tunisie
[13] Cf. supra
[14] Ce Fonds fut lancé officiellement le 6 mai 2008 en tant que nouveau moyen de financement pour des projets d'infrastructures dans les secteurs de l'énergie, du transport et de l'environnement
[15] Nicolas Sarkozy a annoncé que la France consacrera, via l'Agence Française de Développement (AFD), 730 millions € à l'initiative Horizon 2020 pour financer la mise en œuvre de programmes et de projets de dépollution de la mer Méditerranée. L'AFD a déjà consacré 230 millions € depuis pour des projets au Maroc, en Tunisie et en Egypte.

Directeur de la publication : Pascale JOANNIN
La Fondation Robert Schuman, créée en 1991 et reconnue d'utilité publique, est le principal centre de recherches français sur l’Europe. Elle développe des études sur l’Union européenne et ses politiques et en promeut le contenu en France, en Europe et à l’étranger. Elle provoque, enrichit et stimule le débat européen par ses recherches, ses publications et l'organisation de conférences. La Fondation est présidée par M. Jean-Dominique GIULIANI.

Report de la conférence euro-méditerranéenne sur l'eau en Jordanie

La conférence euro-méditerranéenne sur l'eau qui devait avoir lieu mercredi en Jordanie a été reportée à une date indéterminée en raison de "tensions" régionales, a-t-on appris samedi au ministère français de l'Ecologie.
"La conférence a été reportée à la demande de la Jordanie en raisons de tensions entre la Ligue arabe et l'Etat d'Israël", a-t-on indiqué au ministère.

Cette conférence ministérielle, qui devait avoir lieu à Swaimeh, sur les rives de la Mer Morte, était prévue de longue date. Elle était mentionnée dans la déclaration du 13 juillet du sommet de Paris marquant la création de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
Son objectif affiché était de fixer les lignes directrices d'une "stratégie de long terme" pour l'eau en Méditerranée et de déterminer des premiers projets concrets dans ce secteur.
L'UPM qui réunit 43 pays (27 de l'Union européenne et 16 de la rive sud de la Méditerranée), est actuellement co-présidée par la France et l'Egypte.
Le projet de canal reliant la Mer Rouge à la Mer Morte, dont les riverains sont Israël, la Jordanie et les Territoires palestiniens, fait partie des projets-clés qui devaient être abordés lors de cette réunion.
Une étude de faisabilité, menée sous l'égide de la Banque Mondiale et financée notamment par l'Agence française de développement, est en cours.
Le "canal de la Paix" a pour objectif d'empêcher la disparition de la Mer Morte, lac naturel le plus salin de la planète et point le plus bas du monde, et de produire de l'eau potable grâce au dessalement de l'eau de mer.
Plusieurs organisations non-gouvernementales ont émis de vives réserves vis-à-vis de ce projet pharaonique en s'interrogeant sur son impact environnemental.
Malgré l'annulation de la conférence euro-méditerranéenne, le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo se rendra en Jordanie mardi où il devrait rencontrer le roi Abdallah II de Jordanie.
Le Monde - AFP du 25 octobre 2008

Rencontres d’Averroès du 16 octobre au 9 novembre 2008 - «Entre Islam et Occident, la Méditerranée ?»

Créées en 1994 par Thierry Fabre, avec Edgard Pisani à l'Institut du Monde Arabe et Jean Marie Borzeix à France Culture, organisées par Espaceculture/Marseille, les Rencontres d'Averroès se proposent de penser la Méditerranée des deux rives et d'organiser la controverse autour de trois tables rondes.
Lieu ouvert au grand public, les Rencontres sont conçues comme un moment de partage de la connaissance entre des spécialistes et ceux qui ne le sont pas.Dans un contexte international particulièrement tendu, singulièrement dans le monde méditerranéen, les Rencontres d'Averroès créent un moment où il est possible de se parler, de rechercher les termes de la concorde là où règne la discorde.
Par delà la violence, la haine, le face à face, il s'agit grâce aux Rencontres d'Averroès de se donner les moyens de penser le côte à côte, les interactions entre cultures qui font le monde méditerranéen. Loin des fractures consenties et des guerres entre les cultures et les civilisations, supposées inexpiables, les Rencontres favorisent l'expression d'une pensée ouverte et critique sur la Méditerranée du XXIème siècle. C'est dans ce but que chaque année les Rencontres d'Averroès invitent des personnalités à débattre à Marseille. Chercheurs, écrivains, philosophes ou artistes sont conviés pour transmettre leur savoir à un large public et pour échanger dans une série de débats souvent très animés. Plus de 1000 personnes participent ainsi à chacune des tables rondes, sans compter les auditeurs de France Culture, au moment de la diffusion radio des Rencontres d'Averroès et de l'écoute désormais possible sur internet. Cette grande audience fait des Rencontres d'Averroès un des lieux les plus importants de la réflexion et du débat sur la Méditerranée.
Leur titre rend hommage à Averroès, juriste et philosophe arabo-andalou, né à Cordoue et mort à Marrakech en 1198. Averroès est la figure qui symbolise la pensée rationnelle dans l'islam médiéval. Il fut notamment un des grands introducteurs de la philosophie d'Aristote dans la pensée européenne et un passeur magistral entre les cultures du monde méditerranéen.
Articulées le plus souvent autour des trois temps chers à Fernand Braudel, le temps long, le temps intermédiaire et le temps de l'événement, les tables rondes permettent d'explorer des thématiques variées en prenant le temps de l'échange et de la compréhension. Ainsi depuis 1994, les Rencontres ont abordé les thèmes de l'identité, de la ville, des femmes dans la Cité, du colonialisme, des monothéismes, des libertés…
Les Rencontres d'Averroès visent à apporter de la clarté et de la complexité à des visions trop souvent embrouillées et simplifiées. Un rendez-vous désormais indispensable pour tenter de penser ensemble la Méditerranée des deux rives.

http://www.espaceculture.net/08_RencontresAverroes/index_RencontresAverroes.html

Réunion dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée : La participation de la Ligue arabe soulignée

Les Etats arabes ont souligné la nécessité de la participation de la Ligue arabe aux réunions prévues dans le cadre de l'Union pour la méditerranée (UPM) vu "son poids et son rôle central dans les efforts pour la sécurité et la stabilité dans la région de la Méditerranée".
Lors d'une conférence de presse animée hier en marge d'une réunion tenue par le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa avec les coordinateurs des Etats arabes membres de l'UMP, Mme Fatma Ezzahra Othmane, adjointe du ministre égyptien des Affaires étrangères et coordinatrice du groupe arabe de l'UMP, a affirmé "nous avons adopté une position commune en prévision de la réunion de Marseille prévue les 3 et 4 novembre prochain entre les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UPM".
Concernant la participation de la Ligue arabe, en sa qualité de membre ou observateur, la responsable égyptienne dira que cette question est à l'étude. Dans une déclaration à la presse à l'issue de sa réunion avec les ambassadeurs de 27 pays européens, consacrée à l'examen de la question de "l'Union pour la méditerranée (UPM)", M. Moussa avait fait état de "ce qui s'apparente à un veto israélien contre l'adhésion de la Ligue arabe à l'UPM".
Les pays européens dans leur majorité n'approuvent pas la position israélienne, a affirmé M. Moussa. L'adhésion de la Ligue arabe dans l'UPM, approuvée par tous les Etats arabes, est primordiale, selon Amr Moussa qui précise que le problème ne réside pas dans le veto israélien mais dans son impact.
Selon une source responsable ayant participé à la réunion, plusieurs questions ont été examinées lors de cette réunion, dont celles ayant trait à l'énergie, la communication et la lutte anti-terroriste. "Nous sommes convenus que la Ligue arabe participera aux réunions eu égard à sa place et à l'importance de son rôle dans la dynamisation des efforts en faveur de la paix et de la stabilité en méditerranée et en raison de ses activités dans de nombreux domaines techniques", a indiqué la coordinatrice de la partie arabe.
S'agissant du refus, par Israël, de la participation de la Ligue arabe à l'UPM, Mme Fatma Zahraa Othmane a souligné que cette affaire sera traitée par une "position arabe unifiée et cohérente". Une réunion des ministres des affaires étrangères des 44 pays de L'UPM est prévue à Marseille (France) les 3 et 4 novembre prochain.
Dans l'ordre du jour de cette réunion, la première du genre à ce niveau depuis l'été dernier, figure certains points qui entravent encore le lancement de l'UPM, notamment la présidence de l'Union pour la partie européenne et le choix du siège du secrétariat général de l'Union.
Le statut de la Ligue arabe au sein de l'UPM, notent des sources médiatiques, est l'un des problèmes qui se posent aujourd'hui, ajoutant qu'Israël et des pays européens refusent à la Ligue arabe la qualité d'observateur aux réunions sectorielles et techniques et celles des commissions relevant de l'UPM mais acceptent sa participation aux réunions ministérielles et au sommet "prévues tous les deux ans".
EL MOUDJAHID - le 25 octobre 2008

Conférence Ministérielle sur l’Eau, Jordanie, 29 octobre 2008 - Processus de Barcelone: une Union pour la Méditerranée

Une opportunité unique pour bâtir une stratégie régionale sur l’eau et des projets concrets répondant aux attentes des populations
La France, Présidente de l’Union européenne, et l’Egypte, co-président le « Processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée », et tiendront le 29 octobre 2008 avec la Jordanie, pays hôte, la conférence ministérielle sur l’eau.
Le Sommet de Paris pour la Méditerranée du 13 juillet 2008 avait arrêté une liste de priorités.
Parmi celles-ci, deux essentielles sur le thème de l’eau ont été identifiées par les Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de ce Processus : la dépollution de la mer Méditerranée et la gestion durable des ressources en eau.
Cette conférence ministérielle aura un double objectif : fixer les lignes directrices d’une stratégie de long terme pour l’eau en Méditerranée, qui devrait être approuvée par les ministres en 2010 et soumise aux Chefs d’Etat lors du deuxième Sommet envisagé en 2010 ; annoncer de premiers projets concrets cohérents avec cette stratégie en vue de mobiliser les instances de gouvernance du Processus et les bailleurs de fonds.
Afin de couvrir l’ensemble des questions et de définir des orientations les plus pertinentes, le thème de l’eau doit être appréhendé avec l’ensemble des parties prenantes (autorités locales, entreprises, organisations non gouvernementales, chercheurs, etc.). Aussi les acteurs de la société civile ont-ils été invités à se réunir le 28 octobre pour apporter une contribution importante à cette conférence.
Au terme de cette journée, plusieurs projets feront l’objet d’une présentation par leurs responsables.
Cette stratégie et les projets associés mettront l’accent sur deux grandes finalités : d’une part, une ambition politique de haut niveau qui permettra de s’attaquer à des problèmes dépassant les moyens d’action d’un seul pays ou d’une seule organisation, notamment ceux liés au changement climatique et aux besoins environnementaux. D’autre part, deux objectifs chiffrés concernant la préservation de la qualité des eaux, ainsi que la réduction de la pression sur les
ressources en eau par des usages plus économes.
Les journalistes intéressés sont invités à se faire connaître auprès du service de presse et à s’accréditer en ligne.
Contacts presse :
Accréditation

- en ligne : http://www.medaquaministerial2008.net/registration_press
- Andrea Matusakova – Tel. +962 (0) 77 69 89 774 – Mail: andrea_matusakova@mwi.gov.jo
- Christophe Katsahian – Tel. +962 (0) 64 60 46 44 – Mail: christophe.katsahian@diplomatie.gouv.fr
FRANCE : Marina Louvet – Tel. +33 (0)1 40 81 27 65 – GSM. +33 (0) 6 77 64 62 07
marina.louvet@developpement-durable.gouv.fr
EGYPTE : Dr Essam Khalifa – Tel. + 202 35 41 98 71 / + 202 35 44 94 20 – Mail: essam@mwri.gov.eg
JORDANIE : Adnan Al Zuobi – Tel. +962 (0) 777 534 549 – Mail: adnan_al-zuobi@mwi.gov.jo

Biodiversité : déséquilibre à l'est de la Méditerranée

Après une étude sur trois décennies, la fondation scientifique Tour du Valat lance un cri d’alarme et appelle à plus de cohérence en matière de préservation de la biodiversité. Alors que la situation s’améliore à l’ouest de la Méditerranée, elle se dégrade rapidement à l’est.
Les zones humides entourant la Méditerranée servent de lieux de reproduction exclusif pour de nombreuses espèces, mais certaines voient leur existence menacée par l'occupation humaine. Cataloguées par la Convention internationale de Ramsar, ces zones sont aujourd'hui sous surveillance, grâce à l’initiative MedWet. Tous les trois ans, la conférence de Ramsar réunit autour d’une même table les représentants des pays concernés ainsi que des ONG et des universités.
A l’occasion de la prochaine réunion, qui se tiendra en Corée du sud à partir du 27 octobre, l'association Tour du Valat, centre de recherches basé en Camargue, présentera une étude sur l’évolution de la biodiversité en Méditerranée de 1970 à nos jours.
Ainsi que le souligne cette étude, qui s’appuie sur l’indice Planète Vivante utilisé par le WWF (Fonds mondial pour la nature) et la Société zoologique de Londres, les terrains les plus humides, y compris les marécages, souffrent d’une réputation de milieu inutile et insalubre, alors que ce biotope est indispensable au développement de nombreuses espèces.
La tentation de les faire disparaître n’est pas récente, et parmi les exemples cités on trouve entre autres l’assèchement complet du lac Karla, la plus grande étendue d’eau douce de Grèce, qui a privé dans les années 1960 près d’un demi-million d’oiseaux de leur zone d’hivernage.

Des espèces portées disparues
On peut poursuivre ces exemples par celui du petit crapaud Discoglosse à ventre noir, une espèce endémique d’Israël aujourd’hui totalement éteinte suite à l’assèchement partiel d’une zone humide autour du lac Hula.
« Plusieurs espèces dont les bastions se trouvaient jusqu'à présent dans l'est de la Méditerranée ont vu leurs effectifs se réduire considérablement à la fin du XXe siècle », mentionne Thomas Galewski, docteur en biologie de l'évolution et écologie et auteur de l’étude. Il mentionne aussi l'ibis falcinelle et la sarcelle marbrée parmi les victimes de ces assèchements à grande échelle, organisés souvent à grands frais pour aménager de nouvelles zones agricoles ou urbaines, voire des espaces récréatifs à l’usage du tourisme de masse.

Plus de la moitié des zones humides de la Méditerranée ont ainsi été sacrifiées, selon l’étude, principalement dans les régions de l’est représentées essentiellement par Chypre, l'Egypte, la Grèce, Israël, le Liban, la Libye, la Syrie, la Turquie et les pays des Balkans. Loin à l'ouest, un réel effort est observé, notamment de la part de l’Espagne, la France et l’Italie, avec un impact positif indéniable sur la biodiversité. L’inscription de nombreux oiseaux sur la liste d’espèces protégées par l’Union européenne, accompagnée de mesures d’interdiction de chasser, a entraîné un accroissement de ces animaux de l’ordre de 150% en moyenne, alors qu’un déclin de 30 à 40% est observé ailleurs.

Ainsi, la talève sultane, un oiseau doté d’un bec et de pattes rouges tranchant avec son plumage sombre, avait complètement disparu depuis plus d’un siècle en Catalogne et dans le Sud de la France.
L'espèce est actuellement en train de reconquérir ses anciens territoires.
Cette étude, si elle présente de nombreux traits significatifs et inattaquables, reste néanmoins incomplète suite au manque de données concernant les espèces autres que aviaires ainsi que plusieurs régions mal connues sur le plan de la biodiversité telles que l’Algérie ou le Maroc.
Par Jean Etienne, Futura-Science - 22 octobre 2008

Le Maroc : l’exception européenne

Les 27 pays membres ont donné un « statut avancé » au royaume chérifien. Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Luxembourg, ont accordé lundi au Maroc « un statut avancé ». Un statut qui implique un renforcement des relations UE-Maroc dans le domaine politique et une intégration progressive du royaume dans le marché intérieur de l’Union.
Cette décision a été saluée par le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri qui a souligné que Rabat bénéficierait désormais de « tous » les avantages de l’UE, « sauf les institutions ».
« Cet engagement européen sur le statut avancé est d’abord le témoignage d’une confiance », a déclaré à l’AFP le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. L’Union européenne a décidé lundi de renforcer son partenariat avec le royaume chérifien.
« Le Maroc est engagé dans un vaste chantier de réformes dans tous les domaines. Il a souhaité un statut avancé dans notre politique de voisinage, un ancrage plus fort à l’Europe pour consolider les acquis et donner une nouvelle impulsion à son processus de modernisation et de transition démocratique », a expliqué la commissaire chargée des relations extérieures et de la politique de voisinage Mme Benita Ferreo-Waldner dans son communiqué de presse. « Nous répondons dans le concret à la définition de (Romano) Prodi : “tout sauf les institutions“ », a continué M. Fassi Fihri, en référence à un discours de 2003 de M. Prodi, alors président de la Commission européenne. Il avait déclaré que les pays du sud de la Méditerranée pourraient partager avec l’UE “tout, sauf les institutions“. « Nous sommes en train d’approcher le “tout“ », a insisté le ministre.

La feuille de route du « statut avancé »
Dans le domaine politique, ce « statut avancé » concerne notamment la mise en place de sommets UE-Maroc et la mise en place d’un accord cadre pour la participation du Maroc aux opérations de gestion de crises. En matière économique, ce statut vise à approfondir les relations commerciales à travers un accord de libre échange global et approfondi, qui couvre de nouveaux domaines (marchés publics, droits de la propriété intellectuelle, mouvements des capitaux, concurrence, développement durable, etc…).
Le Maroc pourra participer aussi à plusieurs agences européennes comme Eurojust, Europol, l’Agence européenne de la sécurité aérienne ou l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Interrogé par l’AFP, Hugues Mingarelli, un responsable de la Commission européenne, a cependant regretté que le nouveau « statut avancé » ne soit pas suffisamment ambitieux sur un point : « la gestion du flux migratoire ».
Pour sa part, M. Fassi Fihri espère que ce nouveau statut pourra déboucher sur un accord formel en 2013. L’UE pourrait après 2010 accroître son aide au Maroc, déjà premier bénéficiaire des fonds européens destinés aux pays de la politique de voisinage (654 millions d’euros pour 2007-2010). Une belle opportunité pour le Maroc.
Stéphanie Plasse - Afrik.com - le 14 octobre 2008